Construire une dentelle aux fuseaux au XXIème siècle est un moyen de rejeter une logique de productivisme, de consumérisme et de progressisme en œuvrant lentement et avec passion. Grâce à une technique d’antan et un geste lent, j’entends dénoncer l’accélération des moyens de production et rendre compte des métissages inhérents à notre monde. Je remets en question mon propre rapport à la production en repensant ma manière d’œuvrer.

De la finesse de la fibre textile à la dureté du bois, mon travail consiste à glaner, disséquer et reconfigurer vivants et non vivants qui font notre écosystème. Sous une esthétique organique, je développe les questions de transhumanisme et de mutation(s): dystopie ou réalité augmentée.

“ Une transformation radicale s’est produite dans la machine par le développement des petits moteurs, celui des cellules sensibles à l’action lumineuse, celui des mémoires, des transistors, de tous les dispositifs miniaturisés. Cet arsenal disparate fournit, par des pièces détachées, les éléments d’un assemblage étrangement comparable à l’assemblage biologique. […] la mécanique actuelle construit, en multipliant les sources de force, un véritable système nerveux, dont les connexions avec un organe qui est un véritable cerveau sensito moteur assurant le déroulement d’un programme opératoire ‐ complexe. ”

André Leroi‐Gourhan, Le geste et la parole II